Depuis le 27 juin, un vent frais souffle au dernier étage de la Maison de l’histoire européenne. Avec l’exposition « Raising our roots – Bruxelles à travers onze ogen », treize jeunes Bruxellois prennent la parole pour raconter leur ville, leurs racines, et leur regard sur l’histoire. Une exposition gratuite, engagée et nécessaire, à découvrir jusqu’au 31 octobre 2025.
Quand les jeunes prennent le micro
Le projet est né d’une initiative peu banale : et si l’on confiait une exposition muséale à un groupe de jeunes, issus de différents quartiers bruxellois, pour questionner la manière dont l’histoire est racontée ? C’est le pari qu’a fait la Maison de l’histoire européenne en créant Echoes, un collectif composé de treize jeunes adultes entre 18 et 26 ans.
Pendant une année entière, ils ont exploré Bruxelles sous un angle inédit. Loin des parcours touristiques ou des repères historiques classiques, ils se sont intéressés aux récits intimes, à ces histoires qu’on n’entend pas toujours : celles des familles migrantes, des mémoires silencieuses, des traditions orales, des identités hybrides. C’est une histoire de Bruxelles qu’on connaît sans la connaître. Celle qui se vit au coin de la rue, dans une cuisine, dans un trajet en métro ou une discussion entre générations.
Une ville racontée par ses habitants
Ce qui rend Raising our roots unique, c’est sa forme. Loin des expositions classiques, elle se présente comme une balade immersive dans les sons et les voix de Bruxelles. Le collectif a recréé, grâce à des installations audiovisuelles et un habillage sonore travaillé, l’ambiance des lieux familiers : le bourdonnement du métro, les éclats de voix dans un salon, le chant d’un oiseau dans un parc.
On circule entre ces fragments de ville comme dans un carnet d’histoires. À chaque étape, un récit personnel, une rencontre, une mémoire se dévoile. Et petit à petit, c’est une autre image de Bruxelles qui apparaît, faite de contrastes, de brassages, de beauté discrète. Une ville qui évolue, se transforme, et continue d’accueillir.
Raising Our Roots : Rendre visibles les récits invisibles
À travers ce projet, les membres d’Echoes ont voulu répondre à une question centrale : qui est représenté dans l’histoire, et comment ? En parcourant les autres étages du musée, où l’histoire européenne est racontée de manière plus institutionnelle, leur regard critique s’est aiguisé. Ils ont repéré les absents, les oubliés, les récits minorés. Ils ont aussi compris à quel point notre manière de raconter le passé influence notre façon de voir le présent.
L’exposition met ainsi en lumière l’importance de la représentation, non comme une case à cocher, mais comme un enjeu fondamental de justice mémorielle. Elle rappelle que l’histoire n’est pas neutre, qu’elle se construit à partir de choix, de silences, de regards dominants. Et que la jeunesse, aujourd’hui plus que jamais, a envie – et besoin – de faire entendre sa propre voix.
Écouter autrement, voir autrement
Les témoignages récoltés sont d’une force rare. On y parle d’arrivées, de départs, de transmission, de perte, de fierté aussi. Ce ne sont pas des récits misérabilistes, mais des récits ancrés, incarnés, nuancés. On sent dans chaque mot, chaque son, chaque visuel, le soin apporté à la narration. C’est une exposition qui nous oblige à ralentir, à tendre l’oreille, à regarder autrement.
Amal Olayan, étudiante et membre du collectif, résume ainsi son expérience :
« Grâce à Echoes, j’ai appris à me voir différemment. À écouter vraiment. À poser les bonnes questions. Et à apprécier les choses proches, humaines, qui d’habitude passent inaperçues. »
Raising Our Roots : Une démarche muséale exemplaire
À l’heure où les institutions culturelles cherchent à se réinventer, la Maison de l’histoire européenne donne ici un bel exemple de co-création réussie. En confiant un espace à de jeunes citoyens, elle accepte de sortir de sa zone de confort pour proposer une narration plus ouverte, plus poreuse, plus vivante.
Comme le souligne Constanze Itzel, directrice du musée :
« En invitant des jeunes Bruxellois à créer dans notre espace muséal, nous bénéficions d’un regard neuf et critique sur notre passé commun et ses traces dans notre ville. »
Pourquoi il faut y aller
Parce que Raising our roots fait du bien. Elle rappelle que l’histoire ne se résume pas aux grands noms et aux batailles, mais qu’elle se glisse aussi dans les détails, les silences, les souvenirs. Elle nous reconnecte à Bruxelles, à ses voix multiples, à ses racines mouvantes. Et elle donne à voir, à entendre et à ressentir ce que l’on perçoit trop rarement dans un musée : l’émotion du présent.
📍 Infos pratiques
📅 Dates : du 27 juin au 31 octobre 2025
📌 Lieu : Maison de l’histoire européenne – 6e étage
⏰ Horaires : Tous les jours sauf le mardi, de 9h à 18h
🎟 Entrée : gratuite
🚇 Accès : Métro Maelbeek ou Schuman
🔗 Site : historia-europa.ep.eu
À noter : pensez à prendre vos écouteurs pour une expérience encore plus immersive.
Et surtout, prenez le temps. Certaines histoires n’émergent qu’à voix basse.
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