Quand la sincérité devient marque de fabrique
Après avoir découvert l’histoire et la mission de Unlëss Cosmetics dans notre article dédié, il nous semblait essentiel d’ouvrir un espace à part pour la parole de sa fondatrice Laurane Lucas. Une voix sincère, intuitive, et déterminée, qui fait de la cosmétique un terrain d’engagement aussi bien qu’un geste de soin.
Dans cette interview sans filtre, Laurane Lucas revient sur les coulisses de la création de sa marque, les doutes comme les élans, et cette quête du « juste » qui irrigue chaque produit Unlëss Cosmetics.
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1) Le point de départ
Tu te souviens du tout premier moment où l’idée t’est venue ? Qu’est-ce que tu as ressenti à ce moment-là ?
Oui, très précisément. C’était en Australie, dans un supermarché, quand un ami a pris un gel douche d’une grande marque. Un autre lui a lancé : « Tu vas vraiment mettre ça sur ta peau ? C’est rempli de saloperies. »
Cette phrase m’a frappée. Elle a mis des mots sur quelque chose que je ressentais depuis longtemps, sans l’avoir formulé clairement : pourquoi est-ce encore normal de tolérer des ingrédients toxiques ou controversés dans nos soins ?
J’ai ressenti un mélange de colère, d’absurde… et puis, d’énergie. L’idée de créer une marque différente s’est imposée très vite, presque comme une évidence.
Avant de lancer Unlëss Cosmetics, tu faisais un métier très différent. Qu’est-ce que tu as emporté de cette vie-là ?
Je travaillais en fiscalité, un univers très cadré, structuré, avec beaucoup de rigueur. Ce que j’ai emporté, c’est justement cette exigence, ce souci du détail, cette capacité à ne rien laisser au hasard. Même si je ne me retrouvais pas dans ce métier, il m’a donné des bases précieuses pour gérer un projet de A à Z.
Est-ce qu’à un moment, tu t’es demandé si tu n’étais pas un peu folle de te lancer ?
Clairement. Surtout au début, où tout était nouveau, de la formulation, aux normes, à la logistique. Je me suis retrouvée à devoir apprendre un nouveau métier de zéro. Et puis, avec mon frère, on a décidé de tout faire nous-mêmes. Donc oui, il y a eu des moments où je me suis dit « mais qu’est-ce que je fais là ? »… Mais l’envie de proposer quelque chose de juste, de cohérent, de vraiment clean, était plus forte.
2) Les virages et les doutes
Il y a eu des nuits blanches, des moments de solitude ? Tu les as traversés comment ?
Oui, bien sûr. Quand on crée quelque chose de zéro, avec peu de moyens, sans filet… il y a des moments très durs. Des doutes, des erreurs, des retards, de la fatigue mentale. J’ai traversé ça grâce au soutien de mes proches, de mon frère, de ma maman. Et surtout, en me reconnectant à pourquoi je fais tout ça. Ce n’est pas un business pour “faire joli”. C’est un projet de sens.
Tu t’es déjà demandé pour qui tu faisais tout ça, vraiment ?
Oui. Et la réponse est simple : je le fais pour toutes les personnes qui veulent reprendre le pouvoir sur leur peau, sur leur santé, sur leur routine. Je le fais pour celles et ceux qui en ont marre qu’on leur vende des illusions. Et, quelque part, je le fais aussi pour la jeune femme que j’étais : celle qui cherchait une marque en qui elle pouvait avoir 100 % confiance.
Qu’est-ce qui t’a le plus surprise dans l’aventure Unlëss Cosmetics ? Une vérité que tu n’avais pas anticipée ?
À quel point il faut être résilient. On pense que quand le produit est prêt, tout va rouler. Mais c’est là que tout commence : convaincre, expliquer, construire une communauté, trouver sa place… Et aussi, à quel point les gens peuvent être bienveillants quand on est sincère. Ce soutien, je ne l’avais pas anticipé. Il me touche énormément.
3) Ce que ta marque dit de toi
Quand on découvre Unlëss Cosmetics, on sent une vraie cohérence. Mais qu’est-ce que les gens ne devinent pas forcément derrière cette image maîtrisée ?
Qu’il n’y a pas d’équipe XXL derrière. On fait absolument tout nous-mêmes avec mon frère : stratégie, site, photos, campagnes, service client… Chaque décision, chaque ligne de texte est personnelle. Derrière la rigueur, il y a beaucoup de vulnérabilité, de doutes, d’essais.
Est-ce qu’il y a une valeur que tu défends sans forcément en parler ?
Oui, l’inclusivité. On ne le martèle pas, mais c’est central : nos produits ne sont pas genrés. Ils s’adressent à toutes les peaux, à toutes les personnes. Je n’aime pas qu’on enferme le skincare dans des catégories “pour elle” ou “pour lui”. La peau n’a pas de genre.
Ta marque, elle te ressemble sur quels aspects ? Et elle te dépasse sur quoi ?
Elle me ressemble dans son obsession du détail, dans sa quête de cohérence, dans son refus du bullshit.
Elle me dépasse quand je vois à quel point elle parle aux gens. Quand elle devient un outil pour aider, apaiser, redonner confiance. C’est là que ça me dépasse, que ça devient plus grand que moi.
4) Le rapport aux autres
Comment tu gères le regard des autres, les projections, les attentes ?
J’essaie de rester connectée à mon intention de départ. Il y aura toujours des jugements, des projections. Mais tant que je suis alignée avec mes choix, ça me protège. Et puis, je suis très entourée, ça m’aide à rester les pieds sur terre.
Ton entourage t’a suivi tout de suite dans cette aventure, ou il a fallu convaincre ?
Au début, les gens étaient un peu surpris. J’avais un job stable, un parcours “sérieux”. Mais très vite, ils ont vu que ce projet me rendait vivante. Mon frère m’a rejointe avec une confiance totale. Ma mère m’a apporté son expertise en contrôle qualité. Ça a renforcé notre lien. C’est devenu une vraie aventure de famille.
Y a-t-il quelqu’un sans qui rien de tout cela n’aurait été possible ?
Ma maman, sans hésiter. Elle a travaillé dans le développement et le contrôle qualité de produits d’hygiène. Quand je ne savais plus où j’en étais dans une formule, c’est elle qui m’a aidée à décoder, à choisir, à comprendre.
Et mon frère, évidemment. On forme un binôme rare. Il m’a permis de tenir bon à chaque étape.
5) Un peu de lumière douce
Quand tu reçois un message d’une cliente qui te dit que ta crème l’a réconciliée avec sa peau, tu ressens quoi ?
De la fierté, mais surtout de la gratitude. C’est pour ça que je fais tout ça. Ce genre de message me rappelle que ce n’est pas “juste” une crème. C’est un outil de mieux-être. De confiance. C’est là que je me dis : ok, ça valait toutes les nuits blanches.
Tu dirais que cette aventure t’a changée comment, profondément ?
Elle m’a rendue plus forte, plus sûre de moi, mais aussi plus humble. Elle m’a appris à faire confiance à mon instinct. À ne pas chercher la perfection, mais la justesse. Elle m’a aussi reconnectée à ce qui m’anime vraiment : créer avec sens.
Qu’est-ce que tu aimerais qu’on ressente en utilisant tes produits, au-delà de l’efficacité ?
De la confiance. Et du soulagement. J’aimerais que les gens se disent : “Enfin un produit dans lequel je peux avoir confiance à 100%.” Et que l’utilisation soit un moment de douceur, pas de doute.
6) Final doux et sensoriel
Un lieu où tu te sens toi-même ?
Près de l’océan. Là où tout est plus grand que soi, mais où tout s’aligne.
Une odeur qui te calme instantanément ?
L’odeur de linge propre. Apaisement instantané.
Un mot que tu répètes souvent en ce moment ?
Let’s go!
Une chose que tu ne montres pas mais qui te définit ?
Mon hypersensibilité. Elle me rend exigeante, intuitive, parfois trop intense — mais c’est aussi elle qui me donne cette obsession du vrai.
Un geste que tu fais pour toi, rien que pour toi ?
Masser mon visage le soir. Sans précipitation. Juste être avec moi-même, une main après l’autre.
✦ À propos de Laurane Lucas
Fondatrice de Unlëss Cosmetics, Laurane Lucas a quitté une carrière en fiscalité pour créer une marque de soin qui allie transparence, exigence et engagement. Accompagnée de son frère et épaulée par sa mère chimiste, elle incarne une nouvelle génération d’entrepreneures sincères, pour qui la beauté ne devrait jamais être une concession. Avec Unlëss Cosmetics, elle trace un chemin où efficacité, éthique et justesse se rejoignent.
✦ À retenir
“Ce n’est pas juste une crème. C’est un outil de mieux-être. De confiance.” – Laurane Lucas