Quand les Vagues Australes rencontrent l’Art du Parfum
Depuis Sydney, Dimitri Weber façonne des fragrances qui parlent à l’âme autant qu’au nez. Avec Pacific Rock Flower, dernière création solaire et océanique signée Goldfield & Banks, il signe une ode à la lumière, à la nature sauvage et à la sensualité australienne. Mais derrière chaque flacon, il y a une vision, un rythme, un regard. Nous avons voulu en savoir plus. Rencontre avec un parfumeur nomade, poète de la matière première et amoureux des contrastes.

Amalgame : Votre nouveau parfum, Pacific Rock Flower, a le goût du soleil et le souffle de l’océan. Si vous deviez le résumer en trois mots qui ne sont ni “floral”, ni “aquatique”, ni “boisé”… lesquels choisiriez-vous ?
Dimitri Weber : Solaire, salin et insouciant. Un éclat de lumière, une peau salée, un instant suspendu où rien d’autre n’existe que la liberté.
Amalgame : On connaît tous l’iconique Pacific Rock Moss. Comment avez-vous réussi à créer Pacific Rock Flower comme une “suite” sans que ce soit un “remake” ?
Dimitri Weber : Pacific Rock Flower est la fragrance cadette de notre bestseller Pacific Rock Moss. Dix ans après sa sortie, Pacific Rock Moss se réinvente sans jamais se répéter. On y retrouve sa signature salée et aquatique, désormais enrichie d’un accord de cire de coco et d’une fleur de corail solaire. Intemporel, Pacific Rock Moss trace la voie d’un nouveau territoire olfactif à travers Pacific Rock Flower: une fragrance contemporaine qui surfe sur les contrastes et initie une nouvelle famille olfactive — celle des aquatiques crémeux.
Amalgame : Qu’est-ce qui a été le déclic créatif de Pacific Rock Flower ? Un lieu, une sensation, une musique, une rencontre ?
Dimitri Weber : L’idée de Pacific Rock Flower a vu le jour face aux côtes australiennes, si vastes et puissantes qu’elles coupent le souffle. C’est la sensation d’un vent chaud chargé de sel, caressant une peau encore humide, réchauffée par le soleil. Autour, les fleurs côtières libèrent leur parfum, tandis que les feuilles d’eucalyptus et les arbres à thé diffusent leurs notes fraîches et aromatiques dans l’air vibrant. Pacific Rock Flower traduit une synergie entre tous ces éléments, la fraicheur minérale de l’océan, et une dimension plus sensuelle, solaire presque crémeuse.
Amalgame : Il paraît que cette fragrance contient plus de 25 % d’huile parfumée – c’est presque un concentré d’Australie ! Qu’est-ce que vous vouliez faire ressentir avec une telle intensité ?
Dimitri Weber : Toutes nos eaux de parfum ont une concentration située entre 20 et 25% en huiles essentielles. Cette intensité, c’est celle de l’Australie elle-même: la force du bleu de l’océan, l’exubérance du vert végétal, la densité d’une nature encore sauvage. On voulait que chaque vaporisation transporte immediatement le consommateur dans notre beau pays, le faisant rêver de paysages, riches, vibrants, inoubliables.
Amalgame : La fleur de corail et la cire de coco, ce n’est pas un duo courant en parfumerie. Qu’est-ce qui vous a poussé à oser cette association ?
Dimitri Weber : L’Australie est un pays de contraste, où les déserts côtoient les forêts tropicales et plongent dans l’immensité des océans. C’est la rencontre surprenante de ces éléments qui nous inspire, et l’exigence du monde de la parfumerie de niche aujourd’hui : explorer l’inexploré. En associant une fleur de corail à un accord marin, liés par la douceur
crémeuse de la cire de coco, un équilibre se crée, entre fraicheur et réconfort.
Le parfum Comme un Voyage Sensoriel
Amalgame : Vos parfums ont toujours quelque chose de très “paysage”. Quand vous créez, vous pensez en couleurs ? En textures ? En souvenirs ?
Dimitri Weber : L’Australie est toujours notre point de départ, notre boussole créative. Quand je compose, je pense en paysages, en textures, en sensations, en espace. La nature australienne, sa grandeur, sa puissance, m’inspire profondément. J’imagine les matières comme des surfaces: Pacific Rock Flower, pour moi, c’est une chemise blanche, un jean, et la sensation des pieds nus sur le sable en plein été. Silky Woods, au contraire, est plus enveloppant, presque tactile : je l’associe à des cuirs souples, à quelque chose de plus texturé. Chaque parfum de Goldfield & Banks capture une lumière particulière. Même les créations plus sombres possèdent une forme d’éclat; comme si chacune contenait un fragment de soleil australien.
Amalgame : On sent beaucoup d’optimisme dans Pacific Rock Flower. Était-ce un besoin personnel ou une réponse à l’époque ?
Dimitri Weber : En 2024, j’ai traversé une période plus introspective, presque mélancolique, et Mystic Bliss en est né. Cette année, je me sens plus lumineux, plus confiant. Il y a, je crois, un vrai besoin collectif d’optimisme face au climat actuel. Mon rôle, à travers les parfums, est aussi de faire rêver, de transmettre des émotions positives, voire des messages d’espoir. Chaque création chez Goldfield & Banks est avant tout un voyage intérieur, une façon de se reconnecter à soi.
Amalgame : Vous vivez entre plages sauvages et villes vibrantes. Qu’est-ce que l’Australie vous apprend sur le rythme de la création ?
Dimitri Weber : Vivre en Australie, c’est accepter un autre tempo. L’éloignement nous rappelle que chaque étape demande du temps, pour créer, pour réfléchir, pour ressentir. Ici, on réapprend à ralentir, à laisser les idées mûrir. L’Australie est encore un territoire olfactif largement inexploré, et cela en fait une source d’inspiration constante, mais qui demande patience, observation et écoute. Chaque découverte se mérite, et c’est ce qui rend la création d’autant plus authentique.
Amalgame : Vous dites souvent que l’Australie vous a reconnecté à la nature. À quel moment précis avez-vous compris que c’est là que vous poseriez votre vision ?
Dimitri Weber : En 2014, lorsque j’ai commencé à faire des allers-retours en Australie, quelque chose a profondément résonné en moi. Très vite, j’ai su que c’était ici que je voulais vivre, m’ancrer, et surtout construire un projet. L’Australie m’a reconnecté à l’essentiel : à la nature, au rythme du vivant, et à une forme de liberté créative que je n’avais jamais connue ailleurs. C’est devenu évident que ma vision devait naître ici.
Amalgame : Un parfum Goldfield & Banks est souvent plus qu’un parfum – c’est une carte postale sensorielle. Si Pacific Rock Flower était un film, ce serait lequel ?
Dimitri Weber : Si Pacific Rock Flower était un film, ce serait Marie-Antoinette de Sofia Coppola… mais tourné en bord de mer. Il y a dans ce parfum quelque chose de sophistiqué, de floral, avec une légèreté insouciante. C’est une élégance décalée, solaire, presque hédoniste, comme une reine moderne qui aurait troqué Versailles pour les falaises australiennes.
Derrière la Marque : Le Créateur, Dimitri Weber
Amalgame : Entre Anvers, Paris, Sydney… votre parcours ressemble à un carnet de voyage. Quel lieu n’a pas encore inspiré un parfum, mais brûle de le faire ?
Dimitri Weber : Les îles du Pacifique. C’est une région qui me fascine depuis longtemps, à la fois proche de l’Australie et pourtant culturellement unique. Il y a une richesse sensorielle, une douceur, une spiritualité presque intacte. Ce territoire me parle, et j’ai le sentiment qu’il porte en lui un parfum qui n’attend que d’émerger.
Amalgame : Vous avez travaillé avec Émilie Bouge pour cette nouveauté. Qu’est-ce qu’elle a compris de votre univers qu’aucun autre nez n’avait encore capté ?
Dimitri Weber : Avec Émilie, le lien s’est fait immédiatement. Elle a senti Pacific Rock Moss, a compris son importance dans notre collection, mais a su s’en détacher avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité. Dès les premières discussions, elle est arrivée avec une proposition audacieuse, hors des sentiers battus. Elle a tout de suite saisi l’essence de Goldfield & Banks, et son talent a fait le reste. Sur le plan artistique, la compréhension a été immédiate. Ce qui me passionne toujours, c’est de voir comment chaque parfumeur réinterpréte nos paysages et nos matières locales. Avec Émilie, c’était une redécouverte pleine de fraîcheur.
Amalgame : On a lu que vous choisissiez les noms avec une obsession quasi poétique. Combien de nuits blanches avant de dire “oui” à Pacific Rock Flower ?
Dimitri Weber : Le flacon est la première rencontre entre le consommateur et le parfum — et le nom, déjà, doit raconter une histoire. Pour ce projet, pensé comme une descendance de Pacific Rock Moss, le choix du nom s’est imposé naturellement. Pacific Rock Flower prolonge cette fraîcheur cristalline, bercée par l’écume des vagues. En tête, des notes aromatiques d’eucalyptus et d’arbre à thé ouvrent la composition, qui s’épanouit dans un cœur floral de mimosa et de tubéreuse. Le fond, boisé et solaire, mêle cèdre, patchouli et santal australien, enveloppé d’un voile coco crémeux et d’un accord de fleur de corail. Une évidence, plus qu’une nuit blanche.
Amalgame : Vous lancez peu de parfums, mais chacun marque. Comment résistez-vous à la pression de “sortir plus”?
Dimitri Weber : L’industrie est en constante effervescence, et oui, il y a une pression à sortir toujours plus, toujours plus vite. Mais chez Goldfield & Banks, nous restons fidèles à notre rythme. Nos créations prennent racine dans les paysages et la botanique australienne, des sources d’inspiration qui demandent du temps, de l’observation, de l’intuition. Nous préférons creuser en profondeur plutôt que multiplier les lancements. Et puis, nous restons une petite maison : chaque parfum doit avoir du sens, de la justesse. Nous choisissons la qualité à la quantité, toujours.
Amalgame : Dans un monde où tout va vite, vous défendez une création lente, presque artisanale. Est-ce que ça ne devient pas votre signature, finalement ?
Dimitri Weber : C’est un choix assumé, en effet. Nous tenons à préserver une approche authentique, loin d’un modèle de création à la chaîne. Goldfield, c’est la rencontre de deux mondes : une inspiration libre et sensorielle née en Australie, et un savoir-faire français reconnu, au service de créations façonnées avec soin.
Instant Inspiration
Amalgame : Le dernier parfum que vous avez senti et qui vous a donné le vertige ?
Dimitri Weber : Probablement Féminité du Bois de Serge Lutens. C’est un parfum qui m’émeut toujours
autant. Il reste, à mes yeux, l’une des compositions les plus abouties et les plus bouleversantes de la parfumerie contemporaine.
Amalgame : Une note australienne que vous trouvez encore trop sous-estimée ?
Dimitri Weber : L’eucalyptus, souvent réduit à son utilisation en parfumerie fonctionnelle, est en réalité bien plus complexe ici en Australie. On est entourés par son parfum naturel: l’odeur des feuilles fraîches tombées au sol, très riche et inspirante.
Le mimosa aussi mérite plus d’attention, avec une centaine de variétés que l’on trouve en Australie, toutes avec des nuances délicates.
Amalgame : Un compliment sur vos parfums qui vous a laissé sans voix ?
Dimitri Weber : Ce sont les témoignages de personnes qui écrivent pour dire que mes parfums les ont aidées à traverser des périodes difficiles, comme une maladie. Ou encore quand elles me confient qu’elles ont choisi de porter l’un de mes parfums le jour de leur mariage. Ces moments-là me touchent profondément.
Amalgame : Le moment le plus surréaliste que vous ayez vécu grâce à Goldfield & Banks ?
Dimitri Weber : C’était un dîner privé dans le désert, à Dubaï, au moment de l’iftar. Une invitation assez surréaliste, entourée de locaux, au milieu de nulle part. Une expérience unique et mémorable.
Amalgame : Et pour finir… si vous deviez glisser un flacon de Pacific Rock Flower dans la valise de quelqu’un, ce serait qui ? Et pourquoi ?
Dimitri Weber : Si je devais glisser un flacon de Pacific Rock Flower dans la valise de quelqu’un, ce serait Vanessa Paradis. Ce parfum, comme une caresse saline et lumineuse, évoque la douceur d’un souffle d’océan et la grâce d’une âme bohème, tendre et libre. Il est à son image : à la fois délicat, profond et chargé d’émotions.
Dimitri Weber, fondateur franco-belge de Goldfield & Banks, est un esthète du parfum au parcours hors norme. Après avoir collaboré avec les plus grandes maisons européennes, il choisit de poser ses valises — et son imaginaire — en Australie. Depuis Sydney, il réinvente la parfumerie de niche en alliant la richesse des essences indigènes australiennes à l’exigence du savoir-faire français. Chaque création est une invitation à découvrir la beauté brute de ce territoire à travers une narration olfactive puissante, élégante et singulière.
🌿 Goldfield & Banks – En bref
Maison australienne de parfumerie de niche fondée par Dimitri Weber, Goldfield & Banks marie ingrédients botaniques rares venus d’Australie et savoir-faire à la française. On lui doit notamment les parfums iconiques Southern Bloom, Pacific Rock Moss ou encore Silky Woods.
🌸 Dernière création : Pacific Rock Flower (2025)
Lancée en mai 2025, cette eau de parfum mixte évoque les rivages australiens à travers une alliance d’agrumes pétillants, de fleurs côtières (mimosa, tubéreuse, « coral flower ») et de bois enveloppants (santal, cèdre, mousse). Une fragrance fraîche, solaire et élégante.
📍 Où les trouver en Belgique
- LXS Luxury Cosmetics (Keerbergen) : distributeur officiel avec testeurs en boutique.
- Beauty By Kroonen, Rue Lebeau 67 Bruxelles
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